Assurant qu'ils sont loin d'être des «gras durs» comme on les perçoit parfois, des dizaines de milliers de retraités municipaux ont officiellement joint ce matin la coalition contre le projet de loi 3.

Entassés dans un local au 7e étage de l'édifice de la Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec (FTQ), une douzaine de représentants ont dénoncé le recul que représenterait pour eux l'adoption du projet de loi présenté par le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau. Le groupe comprend notamment les retraités cols blancs et cols bleus de Montréal, ainsi que l'Association des syndicalistes retraités du Canada qui compte quelque 500 000 membres partout au pays.

Au premier chef, ils s'inquiètent de l'effet qu'aurait la non-indexation de leurs rentes, qui éroderait de moitié leur pouvoir d'achat en 15 ans, selon une estimation évoquée en point de presse.

«Nous sommes dans un contexte où nos régimes et nos droits sont menacés, a déclaré Jean Carette, sociologue et gérontologue. Pour nous, la rente de retraite n'est pas une récompense ou une médaille pour services rendus, mais un salaire différé pour assurer un niveau de vie décent.»

Il estime que ce sont les municipalités, qui ont «unilatéralement décidé de prendre des congés de cotisation à même les surplus au lieu de les capitaliser pour les années de vaches maigres», qui sont responsables de déficits actuariels évalués à 3,9 milliards.

Syndiqués «outrés et furieux»

Les représentants ont notamment martelé que les rentes globales moyennes, autour de 24 000 $ par année, étaient loin d'être excessivement généreuses. Quant à la perception que ces régimes ont été obtenus à même l'argent des contribuables, elle a été dénoncée avec vigueur. «C'est une légende urbaine, dit Marc Ranger, porte-parole de la coalition. 24 000 $, quand tu mets de l'argent de côté toute ta vie, ce n'est pas beaucoup.»

Il a tenu à répliquer au premier ministre, Philippe Couillard, qui s'est montré peu ouvert en fin de semaine à modifier son projet de loi. «La commission parlementaire, c'est une grosse farce. Le premier ministre nous dit qu'il est ouvert à la négociation, mais sa déclaration montre qu'il n'y a aucun espace pour la négociation. Il est en train de faire de la démagogie, de nous dire que c'est une commission bidon où tout est écrit d'avance. Nos gens sont outrés, furieux.»

Il a promis une «vague de fond» des syndiqués des municipalités et de sociétés de transport, qui manifesteront le 20 août prochain au centre-ville de Montréal. La coalition participera tout de même aux travaux de la commission, a-t-il indiqué, «parce que nous ne croyons pas à la politique de la chaise vide».