«On est tous à terre. Ce n'est pas croyable. Personne ne comprendra jamais ce qui s'est passé.»

Au lendemain de la mort de trois jeunes enfants à Drummondville, le grand-père paternel des petites victimes n'arrivait toujours pas à encaisser le choc.

«Que voulez-vous qu'on fasse, à part subir?» Germain Desautels pleurait à chaudes larmes dans les bureaux de la pépinière familiale du village de Sainte-Christine, en Montérégie, où nous l'avons rencontré.

Peu après 16 h, dimanche, ses petits-enfants âgés de 2, 4 et 5 ans ont été trouvés morts chez leur mère, Sonia Blanchette. Cette dernière est considérée par la Sûreté du Québec comme un «témoin important» du drame. Elle est hospitalisée à l'unité des soins intensifs depuis la découverte des corps. Les policiers attendent que son état se stabilise avant de l'interroger.

Selon nos informations, la femme de 33 ans menait depuis bientôt trois ans une bataille contre son ex-conjoint pour la garde de ses enfants. Elle n'avait qu'un droit de garde limité à une journée toutes les deux semaines et elle ne pouvait voir ses enfants qu'en présence d'un membre de sa famille. Elle était encadrée par l'organisme La Maison de la famille de Drummondville, qui vient notamment en aide aux parents en difficulté. Sonia Blanchette serait dépressive et médicamentée. «Ça fait longtemps qu'elle ne va pas bien, a affirmé Germain Desautels. Elle avait une garde surveillée, ce n'est pas pour rien.»

Accusée d'enlèvement

En décembre dernier, elle a été arrêtée et accusée d'avoir enlevé sa plus jeune fille, en contravention avec l'ordonnance de garde lancée par le tribunal. Selon le journal L'Express de Drummondville, Mme Blanchette s'était sauvée avec la petite, alors âgée de 14 mois, après avoir appris qu'elle n'aurait définitivement pas la garde des enfants. Elle a été retrouvée le lendemain matin par les policiers. La femme risque jusqu'à 10 ans de prison. Son procès est prévu en janvier.

Dimanche, les trois enfants sont allés voir leur mère en compagnie de leur grand-mère maternelle. Anaïs, Laurélie et Loïc ne seraient restés seuls avec Sonia Blanchette que quelques minutes. Lorsque leur grand-mère est revenue dans l'appartement de la rue Turcotte, elle a découvert les trois corps sans vie et elle s'est mise à hurler. Selon plusieurs témoins, les enfants auraient été noyés. Des autopsies doivent toutefois être pratiquées. Le coroner Yvon Garneau a été chargé de l'enquête. Les morts sont toujours considérées comme suspectes par la Sûreté du Québec.

Le père tient bon

Le triple meurtre a causé une onde de choc dans le voisinage de la rue Turcotte, secteur tranquille de Drummondville. Hier, plusieurs personnes ont déposé des fleurs et des peluches devant le duplex dans lequel le drame est survenu.

Joint au téléphone, le père des jeunes victimes, Patrick Desautels, a assuré qu'il tient le coup. «On est en famille. Ça va bien», a-t-il dit avec aplomb. Dans un court communiqué envoyé aux médias, il a affirmé qu'il souhaite vivre le deuil loin des caméras. C'est lui qui avait la garde complète des victimes. «Ce drame nous laisse sans mot. L'enquête policière nous en dira plus sur les circonstances du drame. Les gestes qui ont été posés sont inexplicables», a-t-il écrit. Il a ajouté qu'il aimait profondément ses trois enfants et que ceux-ci allaient lui manquer pour le reste de sa vie. Il prévoit rencontrer la presse aujourd'hui.

- Avec David Santerre et Claude Plante de La Tribune de Sherbrooke